I. Origines du mouvement


                          A.Qu’est-ce qu’un hippie ?

Le mouvement hippie est un courant de contre-culture qui apparu dans les années 1960 aux Etats-Unis, avant de connaître son apogée dans le reste du monde occidental après mai 68.
 Les hippies sont issus en majeure partie de la nombreuse jeunesse du baby boom de l'après-guerre.
À la base, les hippies étaient des gens qui désiraient avant tout profiter de la vie, (par exemple en usant de drogues diverses ou en recherchant la spiritualité) mais aussi tenter de réussir à vivre librement ainsi que partager des rapports humains qu’ils voulaient plus authentiques.
Ils se distinguaient du reste de la population (qu’ils appelaient les « straights ») par un style vestimentaire marqué, une longue chevelure, et des relations amoureuses polygames.
Ils méprisaient le confort et les intellectuels. Ils rejetaient donc les valeurs traditionnelles, le mode de vie de la génération de leurs parents ainsi que la société de consommation.
En rupture avec les normes des générations précédentes, le mouvement a eu une influence culturelle majeure.


L'assimilation de nombreuses valeurs issues de ce courant a apporté une évolution des mœurs de la société dans son ensemble même si le mouvement lui-même a perdu progressivement son ampleur.



B.Les différents mouvements et précurseurs des hippies 



Même si le phénomène hippie naît véritablement aux États-Unis au début des années 1960, il existe des similitudes avec de grands philosophes comme le Grec Diogène de Sinope, au IVe siècle av. J.-C.10. .




Les portraits de Diogène qui nous ont été transmis divergent parfois, le présentant tantôt comme un philosophe « clochard », débauché, hédoniste et irréligieux, tantôt comme un ascète sévère, volontaire.La masse d'anecdotes légendaires sur Diogène montre en tout cas que le personnage a profondément marqué les Athéniens. Il vivait dehors, dans le dénuement, vêtu d'un simple manteau, muni d'un bâton, d'une besace et d'une écuelle. Dénonçant l'artifice des conventions sociales, il préconisait en effet une vie simple, plus proche de la nature, et se contentait d'une jarre (en grec pithos) pour dormir. 

Mais les prémices les plus claires se manifestent au XIXème siècle.


On dit que le mouvement hippie est issu principalement des Beatniks. Dans les années 1950, on assiste à l'émergence du phénomène de la contre-culture aux États-Unis avec le mouvement « beat » lancé par Jack Kerouac.

La contre-culture se définit par une révolte globale contre un système et un rejet de la société de consommation américaine. La parution de Sur la route de Jack Kerouac en 1957 donna un livre culte à toute une génération en rupture avec l'idéologie dominante. À l'instar des héros de Kerouac, la jeunesse s'identifia à la vie de bohème et prit la route.



Sur la route                                                                    

Sur la route est un roman de Kerouac. Il est considéré comme un classique de la littérature américaine et le symbole du mouvement beat des années 50.

'Sur la Route' est le livre clef de la beat génération. C'est le récit des errances de l'auteur (Jack Kerouac porte le pseudonyme de Sal Paradise) sur les routes américaines. Voyageant en auto-stop, logeant chez qui l'accepte, partageant femmes et alcool avec des amis d'un jour, Kerouac s'abandonne à la loi du hasard, à la recherche d'une fraternité réelle. 'Sur la route' est le compte rendu de cette quête, de ses moments d'euphorie, mais aussi de ses passages à vide et ses échecs.




En voici un extrait :

« Mais alors ils s’en allaient, dansant dans les rues comme des cloche dingues, et je traînais derrière eux comme je l’ai fait toute ma vie derrière les gens qui m’intéressent, parce que les seules gens qui existent pour moi sont les déments, ceux qui ont la démence de vivre, la démence de discourir, la démence d’être sauvés, qui veulent jouir de tout dans un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller ni sortir un lieu commun mais qui brûlent, qui brûlent, pareils aux fabuleux feux jaunes des chandelles romaines explosant comme des poêles à frire à travers les étoiles et, au milieu, on voit éclater le bleu du pétard central et chacun fait : "Aaaah !" »




C. Origines dans l'histoire

Nous savons que le mouvement hippie est né à San Francisco, capitale de la contre-culture aux Etats-Unis. Tout commença sur le campus de Berkeley, université gauche dans le quartier de Haight Ashbury à San Francisco sur la côte Ouest des Etats-Unis, au milieu des années soixante.
Pour expliquer l'apparition du mouvement hippie, il faut trouver dans la société de l'époque ce qui l'a poussé à émerger. Le mouvement hippie était l'inverse de la société de l'époque, c'était une sorte de contre-culture.

En effet il est né lors de la période des Trente Glorieuses. Les Trente Glorieuses sont la période de forte croissance économique qu’ont connu entre 1945 et 1974 une grande majorité des pays développés. Notamment aux Etats-Unis, où une société de forte consommation s'instaure. Dans les années 1950, les salaires augmentent régulièrement ainsi que les impôts baissent grâce à la politique budgétaire de Kennedy. Les Américains ont donc plus de pouvoir d'achat et consomment plus. C'est donc dans une période particulière que le mouvement hippie naît.
Au début il ne s'agissait que d'un mépris pour leurs aînés (parents ou politiciens) et des valeurs que ces derniers essayaient de leur apprendre : faire des études, avoir un travail, un bon salaire, aller à l'armée, ... Ce qu'on pourrait appeler les valeurs de la société matérialiste, capitaliste et conservatrice. Les premiers hippies étaient d'ailleurs issus de la classe bourgeoise.
Les hippies manquaient de liberté, avaient l'impression d'être trop « encadrés » par la société

et avaient l'intention de ne pas suivre le « modèle de l'époque »: c'est pour cela que le mouvement s'est créé.

On comprend ainsi mieux pourquoi les jeunes en avaient assez de l’ordre établi: leurs parents leur répétaient toujours les mêmes choses en pensant faire cela pour leur bien. En fait, c’était tout l'inverse: à force dobliger leurs enfants à être raisonnables, à être des modèles et à entrer dans le système, ceux-ci n’avaient qu’une seule envie, se rebeller. Ils ne comprenaient pas l’acharnement de leurs aînés à vouloir toujours plus d’argent et de biens matériels. Eux, tout ce qu’ils demandaient, c’était de profiter de leur jeunesse comme ils l’entendaient. C’était une autre conception de la vie.

Ainsi, par exemple, ils se défoulaient en écoutant de la musique rock; cela leur changeait les idées. Mais le mouvement est né aussi en réaction contre la guerre du Viêtnam, guerre qui a opposé de 1959 à 1975, d'une part la République démocratique du Viêt Nam (ou Nord-Vietnam) et son armée populaire vietnamienne et le Front Nationale pour la libération du Viêt Nam (ou Viet Cong, face à, d'autre part, la République du Viêt Nam(ou Sud-Vietnam), militairement soutenue par l'armée des États-Unis à partir de 1964. La guerre trouve son origine lointaine dans le conflit (1946-1954) qui opposa la France au Viêt-minh, ou Ligue pour l'indépendance du Viêtnam. C'est d'ailleurs à partir de là que s'affirme le caractère pacifique qui réunira tous les hippies. Leur slogan était: "faîtes l'amour, pas la guerre". 






Sa date d'apparition coïncide à peu près avec le début de la guerre au Vietnâm (1964). Quant à son déclin, il commence au début des années 70 pour s'éteindre presque totalement vers 1975. La guerre du Vietnâm est considérée comme définitivement terminée à partir de l'année 1975.
La guerre du Vietnâm a inspiré de nombreux artistes hippie : dans la musique (Jimi Hendrix est d'ailleurs un ancien G-I) avec de nombreuses œuvres engagées contre la guerre du Viêtnam : Blowin' in the wind de Bob Dylan (chanson protestataire de 1963), The Unknown Soldierdes Doors (parue en 1968, ses paroles évoquent la guerre du Viêt Nam et la vision qu'en donnaient les médias à l'époque), I feel like i'm fixin' to die rag de Country Joe Mc Donald (chanson contre la guerre du Viêt Nam, chantée au festival de Woodstock 1969), qui sont toutes les trois des chansons protestataires contre la guerre du Viêt Nam. Mais aussi au cinéma avec Easy Rider de Dennis Hopper réalisé en1969: ce film est un road movie qui est devenu l'emblème de la génération hippie des années 60,il raconte l'échappée de deux jeunes motards qui décident d'aller à la nouvelle-Orléans. Durant leur traversée des États-Unis, les protagonistes vont rencontrer une communauté hippie et leur mode de vie.

La musique hippie est une manière pacifiste de défendre ses idées, aucune forme de violence n'a jamais été louée.
Les hippies avaient le plus souvent recours aux sit-in, bloquaient alors le trafic en obligeant ainsi les gens à les écouter. Ils estimaient que seul le nombre, et non la violence ou la force, pouvait réellement changer les choses. Généralement cela avait un réel impact, mais les policiers les chassaient parfois à coups de matraque, 
voire les traînaient jusqu'à des fourgons.


Les hippies s'inspiraient principalement de deux modèles :Martin Luther King, leur contemporain militant non violent pour les droits civiques aux États Unis, et sa lutte pacifiste contre le racisme, et Gandhi qui était un dirigeant politique, guide spirituel important de l'Inde et du mouvement pour l'indépendance de ce pays, pour sa philosophie de non-violence et sa résistance passive.





Ce mouvement pacifiste va être illustré par des chansons telle que I don't want to be a soldier ou Imagine où John Lennon chante «  Imagine all the people living life in peace. »





D. Les conventions sociales 



1.La société de consommation.


La génération des hippies née juste après la Seconde Guerre mondiale, cherchait à fuir la société de consommation en mettant en avant des valeurs écologistes et égalitaires inspirées des philosophies orientales et primitives.


Les Etats-Unis, et les pays Occidentaux, ont connus entre 1945 et jusqu’au début des années 70 , une période de croissance économique sans précédent dans l'histoire par sa durée et par son ampleur. On appellera période « Les 30 Glorieuses », et celle-ci contribuera à la consommation de masse aux Etats-Unis, fuie par les hippies.

Dans une société de consommation de masse, le niveau moyen de revenu est élevé, et satisfait non seulement les besoins considérés comme primaires et essentiels (alimentation, logement, éducation, santé,…), mais permet aussi d'emmagasiner des biens par plaisir, pression sociale ou publicitaire. Son usage se retrouve principalement dans l'apparence, c'est-à dire montrer que l'on est assez riche pour acheter tel ou tel objet. Ce sont donc des dépenses de besoins secondaire. Dans une société de ce type, la plupart des biens s'usent assez vite, il faut donc les renouveler régulièrement.
Sur le plan scientifique, on évoque l'empreinte écologique de la consommation : l'essentiel des déchets produit par les industries n’est pas traité, certaines ressources naturelles sont en effet épuisées ou en voie de l'être et l'agriculture intensive est un facteur de réduction de la biodiversité, d’où la révolte des hippies face à cette consommation de masse irrespectueuse de la nature.


Cette société va entraîner une contestation de la jeunesse, cette génération du baby boom, issue de classe moyenne, qui constituera le mouvement hippie. Elle tente donc d’échapper à cette société sur le régime d'objets de première nécessité.

Ces jeunes « Hippies » font référence à des figures emblématiques abandonnant la société et retournant à la vie simple et naturelle.

En se concentrant sur des petites entreprises artisanales fabriquant des objets pour le besoin local et de bonne qualité et créant des coopérations diverses ( des réparations de bicyclettes à alimentation...), les hippies ont créés plus de 4000 petites structures dans la région de San Francisco jusqu’à 1984 et pas moins de 20.000 dans tous les Etats-Unis. Quelques une de ses créations d’entreprises étaient complètement innovatrices et sont devenus très connues comme le « Body Shop » par exemple.



Voici un extrait des paroles d’un jeune hippie nommé Michel-Claude Jalard1 :

"Ainsi vont les choses dans nos sociétés dite de consommation : passée l’adolescence, âge irrécupérable mais dont on sait qu’il n’a qu’un temps, une certaine image de vous-même vous attend, tirée d’ailleurs à plusieurs millions d’exemplaires ; elle vous guette d’autant plus tôt que votre famille ne dispose pas des ressources financières qui, quelques années encore, vous garantiraient le droit à l’irresponsabilité. Gare à vous si vous ne marchez pas ensuite. On vous culpabilisera d’abord ; quelques bonnes lois feront le reste."


Cet extrait traduit bien le mal-être présent chez beaucoup de jeunes de l’époque. En effet, ils ne supportaient pas d’avoir un futur déjà tout tracé par la société bien avant leur naissance. A partir de 18-20 ans, il leur fallait pouvoir commencer à "s’assumer" : finir leurs études puis trouver du travail, devenir quelqu’un de commun, se couper les cheveux, arrêter de fumer des joints; bref, laisser tomber leur culture alternative qui était très originale et qui reflétait en quelque sorte leur personnalité et leur individualité. Cet extrait montre aussi que la société ne laissait aucune place à un mode de vie autogéré, en communauté, par exemple.



2. Les valeurs sociales 

Le mouvement Hippie dans années 1960 débute aux Etats-Unis à Chicago dans un contexte de contestation. Contestation du Conformisme, de l’influence des opinions, des comportements, d'une majorité d’Américains, soit le modèle américain de l’« American Way of Life ».

Cette contestation se manifeste aussi par le refus de l’autorité et de soumission au pouvoir, et du modèle social. Les manifestations contre la guerre du ViêtNam et les émeutes des Noirs dans les grandes villes américaines génèrent une envie de révolte chez une partie de la jeunesse. Cette jeunesse cherchait à fuir la société de consommation en mettant en avant des valeurs écologistes et égalitaires inspirées des philosophies orientales et primitives.

Beaucoup des aspirations hippies sont héritées des écrivains de la « Beat Génération », comme Jack Kerouac et son œuvre « On The Road », également considérés comme précurseurs du mouvement car eux aussi exprimaient une rupture avec la société de masse.

Les Hippies mènent une vie libérée, faite de déplacements constants : Sur la route était en effet un livre emblématique de cette quête, il le restera pour les hippies comme une Bible, bien que Kerouac se désintéressa du mouvement. Allen Ginsberg par contre en resta proche, et inspira entre autres Bob Dylan.

À l'idéal d'une vie centrée sur la liberté, le sexe et la musique, les hippies ajoutent le psychédélisme et sa recherche de nouvelles perceptions par l'usage de drogues.